La Fondation Franz Weber et son organisation soeur, Helvetia Nostra (HN), s’opposent depuis le début au projet d’installation photovoltaïque alpine à Gondo, en Valais. Le projet « Gondosolar » entraînerait la destruction d’un précieux écosystème alpin, sans mesures de compensation adéquates et sans étude sérieuse d’alternatives. Helvetia Nostra a déposé hier un recours auprès du Conseil d’Etat valaisan.
« Gondosolar » est un projet de parc solaire alpin géant à Gondo, en Valais. Il prévoit d’installer 2’200 modules solaires bifaciaux, disposés verticalement sur des structures en forme de croix, sur une surface d’environ 17’000 m2, à plus de 2’000m d’altitude. La zone est actuellement entièrement vierge d’infrastructures ; les impacts du projet sur le paysage, et surtout sur la nature, seraient extrêmement graves. Ces impacts sont d’ailleurs mal ou peu documentés dans le projet litigieux, alors qu’il n’y a aucun précédent suisse pour ce type de projet, rendant très difficile l’évaluation, par les autorités et la société civile, de leur étendue exacte. Le parc solaire implique un défrichement et une atteinte à un secteur de protection des eaux souterraines, sans que les risques précis n’aient été étudiés. Une expertise judiciaire est d’ailleurs exigée par HN dans le cadre de son recours.
Outre les impacts environnementaux et paysagers dévastateurs, le projet présente de graves lacunes techniques et procédurales. Aucune étude de variantes n’a été réalisée, alors que d’autres secteurs dans la région ou dans le canton auraient été plus favorables, notamment en raison du raccordement aux infrastructures existantes, de la présence d’un territoire déjà bâti, et en particulier des impacts moindres sur la faune et la flore que ces zones pourraient permettre. Par ailleurs, malgré les nombreuses critiques et demandes de compléments formulées par le Service valaisan de l’environnement lui-même, le projet n’a jamais été entièrement complété, notamment l’étude d’impacts sur l’environnement.
La Commission cantonale des constructions, qui a rendu la décision qui fait l’objet du recours d’HN, a pris le parti de valider un projet sans que tous les aspects nature et paysage n’aient été examinés ni que les mesures de compensation adéquates n’aient été imposées. Ces aspects ont été remis à plus tard, ce qui n’est pas admissible en droit de l’aménagement du territoire.«Depuis le début la procédure, y compris la base légale sur laquelle repose le projet, tout a été préparé et adopté dans la hâte, sans vérifier la légalité ni mesurer les réels impacts environnementaux du projet. Nos Alpes méritent mieux ! » estime Anna Zangger, avocate et co-directrice d’Helvetia Nostra.
Pour les deux organisations, la FFW et HN, il n’était tout simplement pas envisageable de laisser faire un projet d’une telle ampleur, si dévastateur, avec une telle désinvolture. Un recours a donc été déposé hier auprès du Conseil d’État valaisan. Une procédure parallèle est en cours auprès de l’Office fédéral de l’énergie pour l’approbation des infrastructures électriques nécessaires au projet. La décision y relative n’a pas encore été délivrée, mais HN a également formé opposition à ce projet.
Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber, s’inquiète que ce genre de projets ne soient pas mieux conçus et mieux vérifiés par les autorités cantonales et fédérales. Elle voit en «Gondosolar» la preuve que le droit de recours des organisations est indispensable pour garantir que les projets soient examinés avec rigueur et éviter qu’ils soient conçus à la hâte, au mépris de la nature. « Lors de la campagne du référendum contre la Loi sur l’énergie, tous les partisans de cette loi, y compris le Conseil fédéral, nous avaient assuré que notre droit de recours contre de tels projets ne serait jamais remis en question », explique-t-elle, « nous nous en réjouissons d’autant plus aujourd’hui que sans notre vigilance et l’exercice de ce droit, ce type de projet serait avalisé sans les études indispensables à l’évaluation des impacts sur la nature et l’environnement dans le temps ».