Lorsqu’on accorde plus d’importance aux projets de construction qu’aux racines, aux troncs, aux branches, aux feuilles et aux aiguilles, le nombre total d’arbres diminue à une vitesse insoupçonnée. Pour Vera Weber, il est tout aussi important de prendre conscience de ce fait que de sauver des arbres. La Fondation Franz Weber (FFW) et son organisation-sœur, Helvetia Nostra (HN), agissent dans toute la suisse pour éviter que des arbres ne soient abattus sans que cela ne soit indispensable. Le cas du quartier de Schadau à Thoune est le meilleur exemple de ce qui peut être fait.
Voici un exemple parfait de sauvetage d’arbre réussi, dit Fabian Dietrich à la Seestrasse de Thoune. Ce spécialiste en soin des arbres, titulaire du brevet fédéral, vient d’assister à la transplantation d’un chêne pédonculé âgé d’une trentaine d’années, et est soulagé. L’arbre d’environ 6 tonnes a pu être déplacé, avec ses racines, de la Marienstrasse à la Seestrasse. Ici, il a encore plus de chances de devenir très vieux – comme le sont généralement les chênes. Car devant la façade de la nouvelle aile construite, il a du soleil et suffisamment de place pour ses racines.
Grâce à la Fondation Franz Weber
Le chêne pédonculé ne sera pas seul à pouvoir s’épanouir : le bosquet dans lequel il est replanté le pourra, lui aussi. Il abrite des essences indigènes, comme le bouleau des sables, le merisier, l’érable sycomore, l’érable plane et le cornouiller. Entre les bâtiments, dans la cour de récréation et le long de la Marienstrasse, des tilleuls, des érables planes, des aulnes, des chênes pédonculés, des cerisiers, des saules, des ifs et bien d’autres arbres sont conservés et abritent une large biodiversité. Leur sauvetage a été assuré par la Fondation Franz Weber et son organisation-sœur, Helvetia Nostra, qui, en faisant opposition, ont permis d’ouvrir le dialogue et de trouver le juste milieu entre la nécessité de construire et la préservation des arbres.
Planification de longue haleine
Tout a commencé il y a trois ans, lorsque les plans d’extension et de rénovation du gymnase de Thoune-Schadau ont été mis à l’enquête. Un article est alors paru dans le «Thuner Tagblatt» sur les arbres du gymnase, qui étaient tous destinés à l’abattage. Pour la Fondation Franz Weber (FFW) et Helvetia Nostra (HN), ce n’était pas une option. Helvetia Nostra a donc déposé une opposition contre le projet qui, après quelques rondes de négociations, a permis de trouver un accord avec la direction de l’école, la direction du projet et l’Office des immeubles et des constructions (OIC) du canton de Berne (maître d’ouvrage). Résultat : il faut conserver autant d’arbres que possible.
Un grand savoir-faire
Fabian Dietrich, mandaté par la FFW, a examiné tous les arbres, et les a évalués en lien avec le projet de construction, qui impliquait initialement leur abattage. Le spécialiste a été chargé de planifier et de mettre en œuvre la conservation et la protection des arbres autour du gymnase de Thoune-Schadau. Pour ce faire, il fait appel à tous les registres de son savoir-faire. La transplantation du chêne pédonculé n’était que l’une des nombreuses options envisageables. En l’occurrence, c’était la plus judicieuse, puisque l’arbre est dans la force de l’âge, qu’il est très important pour la biodiversité et qu’il a encore une longue espérance de vie. Si le chêne avait été abattu, il aurait fallu replanter de nombreux jeunes arbres pour compenser les prestations environnementales de ce chêne pédonculé. En ce sens, les coûts auraient été nettement plus élevés que ceux de la « transplantation ».
Protégé par un rideau de racines
Les rideaux de racines sont une autre possibilité de préserver et de protéger les arbres en cas de travaux. Ils délimitent le sol avec le système racinaire de la zone de construction. Fabian Dietrich et l’équipe de Baumpflege Dietrich GmbH ont déterminé pour chaque arbre, à l’aide de sondages des racines, comment l’arbre pouvait être conservé. Lorsque cette technique est possible, un rideau de racines et une clôture de protection sont installés pendant chantier. Derrière cette protection, les racines sont noyées dans un substrat riche en nutriments et protégées des activités de construction, du gel et du dessèchement. De plus, la clôture de protection empêche le compactage du sol par les machines et le dépôt de matériaux. Une fois les travaux de construction terminés, le rideau de racines et la clôture de protection sont retirés et les racines peuvent continuer à se développer.
Reconnaître l’importance des arbres
« Dans le cas de Schadau, tous les arbres n’ont pas pu être sauvés, mais grâce à notre travail, une grande partie de ceux qui étaient destinés à l’abattage pourra finalement être conservée », déclare Fabian Dietrich, en appréciant l’intervention de la FFW et de HN. Souvent, les arbres sont abattus parce que leur importance pour l’environnement n’est pas suffisamment prise en compte lors de la planification. En agissant à temps, il est souvent possible de conserver les espaces verts existants, du moins en partie, en revoyant la planification territoriale et en protégeant donc les arbres « à la racine ».
Toute une palette de mesures et d’action
Mais dans le cas du gymnase de Thoune-Schadau, il existait déjà une planification territoriale, approuvée et contraignante, en la forme d’un plan de quartier. L’intervention de la FFW et de HN montre que même dans de tels cas, il existe de nombreuses options pour empêcher les abattages prévus. Par exemple, nous avons pu sauver les arbres qui auraient dû céder leur place à des constructions de chantier temporaires. Fabian Dietrich est très reconnaissant au maître d’ouvrage et à la direction de l’école d’être entrés en matière sur les propositions faites, et d’avoir fait tout ce qui était possible pour assurer la pérennité de nombreux arbres.
En constante diminution
L’exemple de Thoune réjouit également Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber et d’Helvetia Nostra. Souvent, les projets de construction ont plus de poids, dans la réflexion des constructeurs et des autorités, que le maintien des arbres, sans réfléchir aux impacts en termes d’environnement et de bien-être que cela peut avoir. L’abattage d’un arbre doit rester exceptionnel. Et même : la somme de toutes les « exceptions » fait, au final, diminuer le nombre d’arbres à une vitesse insoupçonnée, selon les statistiques concernant les zones d’habitation. C’est pourquoi Vera Weber continue à se battre pour chaque arbre – et pour que l’on comprenne que notre bien-être dépendra un jour ou l’autre de la préservation de ces monuments verts.