26.03.2025
Matthias Mast

Quartier de Waldhaus à Coire : une grande victoire pour la Fondation Franz Weber

S’il n’avait tenu qu’aux autorités grisonnes, un charmant quartier d’une importance historique appartiendrait depuis longtemps au passé. Grâce à la résistance des habitants, qui ont appelé la Fondation Franz Weber à l’aide, le danger a heureusement pu être écarté.

En septembre 2020, la situation paraissait sans issue : les habitantes et habitants du quartier de Waldhaus à Coire se sentaient impuissants, après avoir été quelques semaines plus tôt priés par leur propriétaire (les pouvoirs publics) de se chercher un autre logement, à court ou du moins à moyen terme.

Le quartier, qui abrite douze maisons et des espaces verts – construit à l’origine pour les employés de la clinique psychiatrique Waldhaus – allait être rasé, alors qu’il est situé en plein milieu d’une nature magnifique et riche en biodiversité. Le canton et la ville de Coire voulaient autoriser une caisse de pension à construire, en lieu et place de cette idylle, une résidence de 125 appartements à loyer élevé et des parkings souterrains.

Au lieu de s’incliner, un appel au secours

Refusant de se résigner, un certain nombre d’habitants et d’amis du quartier de Waldhaus ont sollicité l’aide et le soutien de la Fondation Franz Weber (FFW) et de sa fondation sœur, Helvetia Nostra (HN), qui dispose du droit de recours.

La visite sur place de la FFW/HN n’allait pas rester sans suites : une étude approfondie, en effet, a montré que ni les autorités de la ville ni celles du canton de Coire ne pouvaient, sans autre forme de procès, faire modifier le plan de zone du quartier concerné et expulser les locataires. Expulser est bien le terme, car ils se sont vus « généreusement » accorder un prolongement de bail de six mois à un an maximum à condition qu’ils ne s’opposent pas publiquement, voire politiquement, au projet.

On pourrait qualifier cette attitude de chantage… D’ailleurs, certains résidents, intimidés par les injonctions des autorités, ont déménagé. Pas tous, heureusement ! La FFW leur a conseillé de consulter un avocat qui puisse représenter leurs intérêts privés, bien sûr distincts des missions de nos deux fondations.

En revanche, s’engager pour la préservation de la nature, de la biodiversité, des bâtiments et des sites historiques relève depuis cinquante ans des buts de la FFW et répond aux principes fondateurs de HN. Il était impensable de laisser disparaître le quartier et sa nature. Notre action a d’ailleurs été couronnée de succès puisque, quatre ans et demi après notre première rencontre à Coire, la destruction du lotissement de Waldhaus a été évitée.

Les médias du canton ont rendu un juste hommage à notre action : 

« La Ville et le canton se sont vu mettre des bâtons dans les roues par la fondation Helvetia Nostra et 16 autres opposants », lisait-on le 5 février 2025 dans la presse locale.

Conclusions claires des commissions fédérales

Les commissions fédérales sollicitées par Helvetia Nostra – la Commission pour la protection de la nature et du paysage (CFNP) et la Commission des monuments historiques (CFMH) – sont parvenues, à la faveur d’une expertise commune, à une conclusion sans équivoque :

« Sur la base des documents à leur disposition et du résultat des visites sur place, les commissions parviennent à la conclusion que le lotissement de Waldhaus possède un très grand intérêt scientifique et une valeur élevée sur les plans culturel et patrimonial.

Il mérite ainsi d’être protégé au titre de la préservation des sites et de la conservation du patrimoine. Le projet de quartier Cadonau conduirait, par la destruction du lotissement de Waldhaus, à une dégradation grave et durable du site de Coire et à la perte d’un monument important. »

Les médias des Grisons ont accompagné la conclusion des deux commissions d’un gros titre éloquent :

« La Confédération a tranché : le projet de quartier pour la zone de Cadonau est un non-sens – deux expertises ont établi que le lotissement de Waldhaus Coire ne devait pas être détruit. Un désastre pour le canton des Grisons et la ville de Coire. »

La résistance est payante

Les autorités du canton auraient pu éviter le désastre si, avant de résilier les baux des habitantes et habitants du lotissement de Waldhaus, elles s’étaient renseignées auprès de la Confédération pour savoir si on pouvait créer un nouveau projet de zone du quartier pour le site désormais historique et, dans l’affirmative, de quelle façon.

Il faut espérer que les autorités du canton mettent fin au désastre qu’elles ont provoqué et suivent la recommandation claire des commissions.

La victoire revient aux résidents et aux amis du quartier de Waldhaus Coire, ainsi qu’à tous les amis de la protection de la nature et du patrimoine, notamment les donateurs et donatrices de la Fondation Franz Weber et de la fondation Helvetia Nostra.

Quelle leçon pouvons-nous en tirer ? Il n’est jamais vain de se dresser contre la pression exercée par les autorités quand la nature et l’histoire de notre pays sont en jeu !

Partager